Coup de foudre : Singer Reimagined Divetrack & MING 20.01 séries 03

Les passionnés de belle horlogerie se sont régalés à Genève, fin août dernier, lors d’un événement placé sous le signe de la décontraction : les
«
Geneva Watch Days ». Vêtus pour la plupart de costumes en lin beige ou encore d’un cargo déclinant toutes les variantes du kaki, plus de 13 000 visiteurs ont eu l’occasion de découvrir les dernières créations de cinquante-deux marques, hébergées dans les plus élégants hôtels jalonnant les rives du lac Léman. Parmi ces trésors, la Singer Reimagined Divetrack et la MING 20.01 Series 3 se sont distinguées par leur design d’exception, unies par une même âme : l’audacieux chronographe à indications centrales, l’AgenGraphe®. Une invitation au voyage horloger, loin des sentiers battus.

Texte : Hubert de Haro / HDH Publishing,

Fotos: Paulo Pires

 

Des racines et des ailes

Rares sont les marques qui, de manière verticale, maîtrisent entièrement leur production jusqu’au cœur même de la montre : son mouvement. La grande majorité fait appel à des entreprises totalement méconnues du grand public, que le monde horloger, souvent en quête de parallèles avec l'industrie automobile, surnomme les « motoristes ». Ces petites et moyennes entreprises, à l'innovation foisonnante bien que souvent modeste, jouent un rôle essentiel. Véritables ateliers de haute précision, elles conçoivent et développent des calibres sur la base d’un cahier des charges élaboré initialement en étroite collaboration avec leurs clients.

Parmi le cercle restreint des « motoristes », Agenhor, fondée par Jean-Marc et Catherine Wiederrecht, bénéficie d’un prestige considérable faisant l’unanimité dans le monde horloger. En moins de trois décennies, cette petite structure, constituée d’une vingtaine d’employés, a déposé plus de 200 brevets. Ce chiffre vraiment impressionnant suffit à illustrer l’aura d’Agenhor et de la famille Wiederrecht.

 

En moins de trois décennies, le motoriste Agenhor, fondée par Jean-Marc et Catherine Wiederrecht, a déposé plus de 200 brevets.

 

Aujourd’hui dirigée par leurs deux enfants Nicolas (management) et Laurent (ingénieur constructeur mouvement), Agenhor est saluée pour ses solutions inédites en matière de complications techniques, comme l’explique Nicolas Wiederrecht à notre collègue Pierre Maillard d’Europa Star1, « à la racine, il y a le quantième perpétuel et le rétrograde ». En 1985 en effet, Agenhor introduit un spiral sur le module de l’aiguille rétrograde, résolvant ainsi les problèmes récurrents liés au choc du « retour » du jeu d’aiguilles après le décompte de la soixantième minute. Cette remarquable avancée a été notamment introduite dans la montre Arceau le Temps Suspendu d’Hermès, amorçant une nouvelle ère dans la maîtrise des complications rétrogrades.

« À la racine, il y a le quantième perpétuel et le rétrograde » Nicolas Wiederrecht

 

Aux côtés de clients prestigieux tels que Hermès Horlogerie, Van Cleef & Arpels ou H. Moser & Co, de nouvelles « start-ups » horlogères – comme Singer Reimagined et Horloger Ming -, se sont également tournées vers Agenhor, attirés par leur dernière innovation : l’Agengraphe®. Ce calibre révolutionnaire – et cet adjectif n’est ici pas exagéré – recentre les aiguilles des heures, des minutes et des secondes du chronographe, offrant une lisibilité bien supérieure aux traditionnels sous-compteurs présents sur les chronographes bi- ou tri-compax. Ce concentré d’innovations horlogères a tiré parti des dernières avancées en matière d’usinage numérique de précision (machines CNC cinq axes) ainsi que du progrès fulgurant des calculs théoriques. Le résultat ? Quatre brevets, tous reçoivent le préfixe « Agen » à leur nom, un clin d’œil évident à Agenhor. Soit :

 

· AgenClutch : Fusion innovante des systèmes d’embrayage vertical et horizontal du chronographe, combinant la précision et la réactivité du premier avec la robustesse mécanique du second, pour une transmission optimale de l’énergie.

· AgenPit : Nouveau mécanisme de réglage fin de la longueur du ressort de balancier, permettant un ajustement précis de la fréquence du mouvement, améliorant ainsi la stabilité et la précision chronométrique.

· AgenPal : Masse oscillante positionnée sous le cadran, bénéficiant d'une rotation optimisée grâce à un traitement de surface ultra-lisse, réduisant les frictions et augmentant l’efficacité du remontage automatique.

· AgenGraph : Affichage centralisé des aiguilles des heures, des minutes et des secondes du chronographe, offrant une lisibilité immédiate et intuitive, sans avoir recours à de petits compteurs traditionnels.

Le calibre révolutionnaire Agengraphe® recentre les aiguilles des heures, des minutes et des secondes du chronographe, offrant une lisibilité bien supérieure aux traditionnels sous-compteurs.

 

 

Divetrack, sportivement votre.

Marco Borraccino a co-fondé en 2017 de la marque Singer Reimagined. Formé au design industriel par le prestigieux « politecnico » milanais. Il intègre la maison Panerai, où pendant quatre ans, il fait ses premières armes. Après avoir enseigné près d’une décennie, le design à l’Université genevoise HEAD, il y propose et inaugure une chaire de Design Horloger. En 2017, il se lance dans l’aventure Singer avec Rob Dickinson, fondateur en 2009 de Singer Vehicle Design, une entreprise de tuning des Porsche 911.

Lors des « Geneva Watch Days 2024 », il nous reçoit dans un hôtel genevois, portant au poignet son dernier modèle : la Divetrack.

 

« La Singer Divetrack représente une avancée audacieuse dans la montre de plongée. Il ne s’agit pas seulement d’ajouter une nouvelle fonction, mais d’améliorer l’expérience de la plongée grâce à une précision, une fonctionnalité et un style inégalés » Marco Borraccino, co- fondateur de Singer Reimagined

 

Les dimensions de la boîte imposent le respect : 49 millimètres de diamètre pour 19,67 mm d’épaisseur. À première vue, tous les codes de la montre de plongée traditionnelle sont ici réunis, de la lunette rotative au cadran noir et aux marqueurs luminescents. Mais la Divetrack est tout sauf une montre de plongée ordinaire. Marco nous le démontre en activant le chronographe. Au centre (!), l'aiguille des secondes, commence sa course avec élégance. Au passage de la 60e seconde, l’aiguille des minutes, également au centre, filiforme, fine comme la taille d’une guêpe et aux contours d’un orange évoquant les années 1970, effectue un saut instantané.

Effet garanti.

Les plus attentifs auront ici reconnu le calibre automatique AgenGraphe® décrit plus haut.

 

Il ne manque plus que les heures, centrales, divisées en trois zones distinctes. Selon les explications de Marco : « La Divetrack est pensée comme un compagnon avant, pendant, et après la plongée », en mode « DIVE, CHILL et FLY ».

 

 

MING 20.01 série 3 : et la lumière fut

La dernière série limitée à 20 exemplaires de la nouvelle-née « Horloger Ming » dégage déjà, l’assurance des grandes.

Le boîtier en or rose et titane grade 5 de la 20.01 série 3 mesure précisément 41,5 mm de diamètre pour une épaisseur de 14,2 mm. Derrière son design classique et épuré se cache une structure complexe composée de trente-trois composants distincts, en quatre finitions différentes. Au-delà des chiffres, l’architecture générale est saisissante : elle équilibre savamment, l’or rose du « châssis » externe, et le titane grade 5 du boîtier interne, tout en transparence et en légèreté. Les courbes sophistiquées des quatre cornes, baptisées par le fabricant Flying Blades (lames volantes), confèrent à l’ensemble une ergonomie remarquable.

Le personnage central de la 20.01 série 3 n'est autre que Ming Thein, co-fondateur et designer de la marque. Surdoué, diplômé en physique de l’université d’Oxford à seulement 16 ans, Ming Thein est autant un collectionneur passionné de montres qu’un photographe de renommée internationale, collaborant avec les plus grandes marques horlogères. Depuis le lancement de MING en 2019, il a su démontrer un goût sûr et une riche culture du design. Ce caractère distinctif se manifeste notamment dans l’usage du verre saphir au recto et au verso de la pièce, innovation audacieuse, en remplacement du traditionnel cadran.

Surdoué, diplômé en physique de l’université d’Oxford à seulement 16 ans, Ming Thein, co-fondateur de MING, est autant un collectionneur passionné de montres qu’un photographe de renommée internationale.

 

Le fond saphir du boîtier transparent offre une vue plongeante sur le mouvement AgenGraphe®, développé par le célèbre motoriste AGENHOR. Les finitions exclusives, réalisées expressément pour MING, raviront sans aucun doute, les collectionneurs les plus exigeants en quête de détails et de perfection mécanique.

La véritable pièce maîtresse de la 20.01 Série 03 réside cependant dans son cadran exceptionnel, une mosaïque sophistiquée de centaines de minuscules carreaux, tels des tesselles d'un décor monochromatique antique. La féerie lumineuse opère une fois dans l’obscurité : le blanc pur va se métamorphosant en un bleu glacier hypnotisant. Ce coup de force repose techniquement sur 600 capsules de 1,3 mm d’épaisseur, individuellement remplies à la main, de peinture Super Luminova (SLN) formant alors, une sculpture lumineuse saisissante.

La véritable pièce maîtresse de la 20.01 Série 03 réside cependant dans son cadran exceptionnel, une mosaïque sophistiquée de centaines de minuscules carreaux, tels des tesselles d'un décor monochromatique antique.

 

Assemblée par les ateliers Schwarz Etienne, la MING 20.01 Série 3 incarne une nouvelle génération de créateurs horlogers, experts des dernières avancées techniques, audacieux dans leur design et leur sélection des matériaux. Ici, Ming Thein confirme son statut de chef de file d'une horlogerie « post-moderne », où le saphir et le Super-Luminova ne sont plus de simples éléments fonctionnels, mais deviennent de véritables catalyseurs d’une expression artistique qui saura intriguer et séduire les plus exigeants.

 

Notes finales

Il est difficile d'imaginer deux designs plus distincts que celui de la Singer Divetrack et celui de la MING 20.01 Série 3. Pourtant, les montres partagent un point commun d'exception : ce même calibre qui bat au cœur de leurs boîtiers, le chronographe central AgenGraphe® développé par l'atelier de renom Agenhor. Bien que leur esthétique et leur philosophie soient radicalement différentes, les deux pièces montrent toute la polyvalence et l'ingéniosité de ce mouvement unique.

Parmi toutes les montres que nous avons eues le privilège de découvrir lors des derniers Geneva Watch Days, la Singer Divetrack et la MING 20.01 Série 3 s’imposent indéniablement comme les révélations horlogères de cette rentrée, conjuguant innovation technique et véritable audace esthétique.

 

Références :

MAILLARD Pierre, Agenhor: poésie mécanique sur mesure, Europa star (octobre 2023)

 

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