Nouveauté : le duo de Breguet Type 20 et XX crée la surprise.

MONTRES D’AVIATEURS

 

L’exercice était périlleux : imaginer une nouvelle itération stylistique à la longue lignée de montres d’aviateurs Breguet.  Répondant à un appel d’offre de l’aviation militaire française dans les années 1950, la collection « pilotes » de Breguet s’est peu à peu enrichie de plusieurs générations de modèles qui s’adresse à une clientèle autant militaire que civile. La vente en 2019 d’une Breguet Type 20, pièce unique, suivie en 2021 d’une autre Breguet type XX, également pièce unique, toutes deux au profit de l’association Only Watch, laissaient entrevoir de belles nouveautés pour les inconditionnels des montres d’aviation. Retour sur l’essentiel à retenir de cette 4^e génération Breguet aviation, les références 2057 et 2067.

Hubert de Haro / HDH Publishing, pour le magazine de l’horloger parisien Antoine de Macedo. Juillet 2023.

 

Pourquoi ces deux nouveautés – le Type 20 et le Type XX – ne portent-elles pas le même nom ? La première série de 1100 chronographes produits entre 1955 et 1959 était exclusivement destinée à l’aviation militaire française. Cette dernière avait défini, dans son appel d’offre, un cahier des charges très précis : cadran noir à chiffres luminescents, aiguilles de même luminescentes, mouvement résistant aux changements de pression et aux accélérations, lunette tournante et, enfin, fonction de « retour en vol ».

Deux splendides exemples de Breguet Type 20 originaux datant des années 50, tous deux proposés par la maison Christie's. À gauche, boîte nº 4029 gravée "Breguet Marine Nationale, 402 Aeronautique-Navale" (lot 293 de la vente "Live Auction 1395 Important Watches" datant du 13 mai 2013), acquise pour la somme de 16.250 CHF. À droite, Breguet Type 20, ref. 5101/54, boîte no. 7590 manufacturée en 1954 (lot 256 de la vente " Live Auction 1391 Important Watches, including A Gentleman's Pursuit for Excellence, Part I" du 12 novembre 2012), acquise pour le somme de 13.750 CHF. © Christie's et Christie's.

 

 

 

Le nom de code adopté pour cette montre-bracelet chronographe serait alors la « Type 20 ». Plusieurs marques avaient été alors sélectionnées notamment, Dodane, Mathey-Tissot ou encore Breguet. Suite à une première production Breguet, la marque a souhaité proposé a posteriori, à ses clients un modèle d’aviation inspiré de la Type 20. Aux caractéristiques esthétiques légèrement distinctes, cette nouvelle série de montres « civiles » a pris pour nom « Type XX (en chiffres romains) ». Depuis lors, toutes les autres montres d’aviateurs Breguet qui suivront, et ce, jusqu’au lancement en juin 2023 des nouvelles 2057 et 2067, ont été gravées type XX.

 

 

 

Est-il possible d’évaluer la production totale des montres Breguet Type 20 et XX ? Sur ses 70 années d’existence, il est possible de distinguer les trois premières générations de montres d’aviation Breguet : génération I (1955-1971), génération II (1971-1988) et enfin la génération III (1995-2018). Alors que la marque communique la production détaillée des deux premières générations, il est difficile de trouver des statistiques fiables pour la troisième génération, débutée en 1995 avec la référence 3800.

 

 

Existe-t-il une relation entre l’horloger Abraham-Louis Breguet (1747-1823) et les montres d’aviation Type 20 et XX ? Aucune des montres d’aviateur conçues par la marque Breguet n’a été produite par les héritiers du célèbre horloger Abraham-Louis Breguet. Même si de son vivant, ce dernier forme des dizaines de grands noms de l’horlogerie¹, ses héritiers cèdent la société en 1870 au chef d’atelier de l’époque : Edward Brown. La famille Brown la conservera jusqu’à sa vente aux frères Chaumet, en 1970.

 

 

Pourquoi donc la société de montres Breguet a-t-elle été contactée pour produire les premières montres d’aviation Type 20 ? Après la vente des ateliers historiques de la famille, les héritiers Breguet vont peu à peu s’intéresser à une activité industrielle à fort potentiel : l’aviation. Louis-Charles Breguet (1880-1955), descendant direct de Abraham-Louis Breguet, est ingénieur de formation. Au tournant du XX^e siècle, il participe activement aux premiers pas de l’aviation en déposant notamment en 1907, le brevet du « Gyroplane » l’ancêtre de l’hélicoptère. Il fonde peu après la  « Société anonyme des ateliers d’aviation Louis Breguet » ainsi que la « Compagnie des messageries aériennes », à l’origine de la compagnie aérienne française Air France. Son apport industriel et technique s’est révélé fondamental pour l’essor de l’aviation militaire et civile mondiale. Dans les années 1950, la société d’aviation Louis Breguet entretient encore des liens étroits avec la famille Brown, à l’origine du développement des Type 20 par cette dernière.

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Qu’est-ce-qui distingue le modèle Type 20 de son homophone le Type XX ? On peut compter cinq grandes différences stylistiques : chiffres, aiguilles, compteurs, lunette et couronne. Côté cadran, la version militaire, type 20, arbore des chiffres et des aiguilles heures et minutes luminescents, à la tonalité verte. La version civile, type XX, quant à elle, opte pour une nuance ivoire tirant sur le jaune. De plus, la type 20 possède seulement deux compteurs bi-compass dont un de 30 minutes, surdimensionné, à 3 heures, alors que sa congénère est tri-compass, et équipée d’un compteur de 15 minutes. Côté boîte, la lunette militaire de la 2057 est lisse, cannelée sur sa circonférence extérieure ; la 2067 est dotée quant à elle, d’une lunette graduée de 1 à 12. Enfin, les designers ont conçu des couronnes très distinctes : grande et en forme de poire, typique d’une montre d’aviation militaire pour la type 20, plus réduite et conventionnelle pour la type XX civile.  

 

Le mécanisme des nouvelles Type 20 et XX a-t-il été repensé ? Le mouvement chronographe à remontage automatique des deux nouveaux modèles a complètement été modifié. Le calibre 728 (et sa déclinaison 7281 pour la version avec trois compteurs) concentre les dernières avancées technologiques de la marque Breguet et plus généralement du groupe Swatch. Ce chronographe à roue de colonnes intègre ainsi, un embrayage direct qui permet un démarrage et un arrêt de la fonction du chronographe plus souple, précis et sans oscillation de la grande aiguille centrale des secondes. Par ailleurs, le silicium, choisi pour la roue d’échappement, les cornes de l’ancre et le spiral du balancier, connu pour ses propriétés antimagnétiques et pour être une matière très difficile à usiner, résiste mieux à la corrosion que le laiton traditionnel. Quant au calibre 728/7281, il bat à 36.000 alternances par heure, soit 5 hertz, une fréquence - assez rare pour un chronographe -, supposée garantir une meilleure inertie au balancier et donc, une plus grande précision. Le tout pour une réserve de marche augmentée à 60 heures.

 

Le nouveau chronographe automatique calibre 728 de 5 hertz et 60 heures de réserve équipe la Type 20, référence 2057. © Breguet.

 

Que signifie la fonction « retour en vol » ? Appelée aussi Flyback en anglais, ce terme ne s’applique qu’aux chronographes. Lorsque le compteur des secondes du chronographe est enclenché, une simple pression sur le poussoir de 4 heures permet à l’aiguille des secondes de se « remettre » à zéro, pour repartir tout aussitôt, sans même s’arrêter. L’intérêt de ce « retour en vol » est de mesurer plusieurs temps successifs sans perdre une seule seconde. En d’autres termes, l’utilisateur évite les trois manipulations requises dans un chronographe classique : arrêt à 2 heures, remise à zéro à 4 heures et redémarrage à 2 heures. Un avantage crucial dans un contexte d’aviation militaire.

 

Quelles sont les particularités de la nouvelle boîte du duo Type 20 et XX ? D’un diamètre de 42 millimètres pour 14,1 millimètres d’épaisseur, la boîte grande par essence, sans être démesurée, correspond à une montre de pilote. Un soin particulier a été apporté au polissage, poli brillant pour la lunette, satiné mat vertical et horizontal pour les carrures et les cornes. Le verre bombé et le fond transparent, tous deux en saphir, sont l’apanage d’une grande qualité. Enfin, le système de changement rapide des bracelets permet à son utilisateur de passer, selon ses humeurs, de la version cuir à un bracelet de style « Nato » (nylon tressé).

 

 

Considérations finales

La maison Breguet a bel et bien créé la surprise. Les deux montres uniques conçues par la marque en 2019 et en 2021 pour l’association Only Watch reprenaient à la lettre les codes stylistiques des premières Type 20 et Type XX conçues dans les années 1950. Elles ont laissé entrevoir aux amoureux de la marque et des montres d’aviateurs, une possible série de Type 20 et XX très « vintage », voire en quantités limitées sur boîte précieuse. Hors, il n’en est rien !

 

 

Les deux Type 20 et XX Chronographe assument une modernité qui, même si elles contrastent avec leurs aînés, apportent une fraicheur indéniable et une personnalité forte. Avec ses 42 millimètres de diamètre et une étanchéité à 100 mètres, le boîtier commun aux deux références révèle un choix audacieux des designers. Plus étonnant encore, la date localisée à 4 heures 30. Loin de faire l’unanimité car maladroite pour certains, elle reste de mise. En effet, d’autres choix (à 3 heures par exemple) auraient en effet clairement dénaturer les codes esthétiques des deux modèles.

 

Tout en bénéficiant de synergies industrielles internes au groupe Swatch, les nombreuses spécificités du calibre 728 offrent également un renouveau qui devrait être apprécié. Les dimensions du calibre s’intègrent d’autant plus harmonieusement à la boîte. Rien de plus curieux et désagréable qu’un calibre aux dimensions trop réduites, où les totalisateurs se trouvent anormalement placés au coeur du cadran, laissant un grand vide périphérique.

 

Quant au prix public annoncé de 19.100 euros pour la plupart des pays européens, Breguet rejoint la montre Blancpain Air Command, tout en affichant un prix nettement inférieur à d’autres modèles similaires chez Patek Philippe ou même chez Chopard. La comparaison est certainement plus délicate avec les derniers modèles pour l’aviation de Longines, l’autre maison du groupe Swatch.

 

Ces deux références ne laisseront sans aucun doute pas indifférents les chasseurs de montres d’aviateurs, ainsi que les amoureux d’une belle horlogerie au pédigrée authentique.

 

Note:

¹ Audemars, Benoît, Fatton, Firche, Inglod, Urban Jürgensen, Kessels, Laissieur, Moinet, Mugnier, Rabi, Robert, Tavernier.. * (lire aussi « L’opus ‘Watches’ de Cecil Clutton et George Daniels enfin réédité »).

 

 

 

Fiche tecnique de la Chronographe Type 20, 2057:

Référence: 2057ST/92/3WU

Boîte: acier

Diamètre: 42 mm

Épaisseur: 14.1 mm

Cadran: noir

Mouvement: Remontage automatique

Fonctions: chronographe, retour en vol, date, petite seconde, compteur de 30 minutes

Spiral: plat, en silicium


Échappement: à ancre en ligne inversée avec cornes en silicium

Étanchéité: 10 bar (100 m)

Calibre: 7281

Fréquence: 5 Hz

Réserve de marche: 60 heures

Composants: 339

Bracelet: set de deux bracelets interchangeables, 1 en cuir de veau, 1 en nylon tressé, style NATO

 

 

 

 

 

Fiche tecnique de la Chronographe Type XX, 2067

Référence: 2067ST/92/3WU

Boîte: acier

Diamètre: 42 mm

Épaisseur: 14.1 mm

Cadran: noir

Mouvement: Remontage automatique

Fonctions: chronographe, retour en vol, date, petite seconde, compteurs de 15 minutes et de 12 heures

Spiral: plat, en silicium


Échappement: à ancre en ligne inversée avec cornes en silicium

Étanchéité: 10 bar (100 m).

Calibre: 728

Fréquence: 5 Hz

Réserve de marche: 60 heures

Composants: 350

Bracelet: set de deux bracelets interchangeables, 1 en cuir de veau, 1 en nylon tressé, style NATO