« On ne refait pas sa vie, on la continue ». Janek Deleskiewicz, artiste « hors classe », évoque trois décennies chez Jaeger-LeCoultre.

PORTRAIT

 

Le designer horloger vit dans l’ombre de ses propres créations. À l’exception de quelques personnalités inscrites au panthéon de l’histoire horlogère – avec, en tête Gérald Genta– l’écosystème horloger privilégie l’objet plutôt que son créateur. Alors que l’architecture glorifie ses plus grands maîtres, les professionnels du dessin horloger semblent souvent relégués au statut de sous-traitants. Nous avons rencontré Janek Deleskiewicz, designer et directeur artistique émérite de l’horloger Jaeger-LeCoultre pendant près de trois décennies, pour le magazine digital de l’horloger parisien Antoine de Macedo. Comment expliquer cette longévité atypique ? Quel rôle a-t-il joué dans la renaissance de la Manufacture Jaeger-LeCoultre ? Et quel regard porte-t-il aujourd’hui, sur son métier ?

Par : Hubert de Haro (HDH Publising) pour le magazine digital de l’horloger parisien Antoine de Macedo. Mars 2024.

 

 

Qu’ils pratiquent leur métier en interne ou comme indépendants, leurs noms demeurent occultés. Parmi ces talents discrets se distingue le vétéran Janek Deleskiewicz qui a occupé pendant près de trois décennies le rôle de designer et directeur artistique chez Jaeger-LeCoultre. Pendant son long mandat, il a connu cinq dirigeants, de nombreux succès et quelques échecs. Tout à la fois charmeur et réservé, une combinaison improbable, cet artiste accompli manie aussi bien le saxophone que les pinceaux pour peinture à l’huile. Ses périples professionnels autour du monde ont nourri son imagination de mille sensations, couleurs et cultures distinctes. Au fil de centaines d’interviews, Janek n’a eu de cesse de mettre en avant la philosophie de la Manufacture Jaeger-LeCoultre : la montre résulte d’un effort collectif, l’aboutissement d’un travail d’équipe où « l’œil, la main et le cœur » sont les pierres angulaires de cette « Grande Maison ».

 

Hubert de Haro : votre parcours dans l’horlogerie est étroitement lié à celui de la Maison Jaeger-LeCoultre. Déjà en 1991, en tant que designer de la marque, vous étiez aux premières loges pour célébrer les 60 ans de l’emblématique Reverso. Vingt-cinq ans plus tard, vous avez commémoré ses 85 ans. À vos débuts, auriez-vous imaginé une telle longévité ?

Janek Deleskiewicz : Non pas du tout. Du milieu des années 1980 jusqu'en 2016, j'ai effectivement eu l'occasion de collaborer avec cinq directeurs généraux : M. Tobler, Henri-John Belmont, Jérôme Lambert, Daniel Riedo et enfin Geoffroy Lefebvre.

C’est à la foire de Bâle de 1982, que j’ai pour la première fois, fait la connaissance d’Henri-John Belmont. À cette époque, il dirigeait la marque Yema, fondée en 1948 à Besançon, par son père, Henry-Louis Belmont. Yema était une marque remarquable qui produisait alors, deux millions de montres par an. Lors de cette rencontre, nous avons parcouru les stands ensemble et il m'a proposé de le rejoindre à Besançon. Cependant, suite au rachat de Yema par la marque Matra, j’ai fini par me retrouver à Paris, Avenue de la République. Là-bas, si je travaillais sur le design des modèles Yema, je dessinais par ailleurs, pour d'autres marques, ce qui m’a permis de contribuer à la Cartier "21". Sous la direction de Pierre Prieux, j’ai eu le privilège de côtoyer de nombreux professionnels de l'industrie, parmi lesquels Richard Mille. Mes fonctions m'ont souvent amené aussi, à me rendre à Hong Kong pour rencontrer des fournisseurs.

  L’actrice Farrah Fawcett avec et sa montre Lip Mach 2000 dessinée par Roger Tallon en 1975.
L’actrice Farrah Fawcett avec sa montre Lip Mach 2000 dessinée par Roger Tallon en 1975.

 

Quelles étaient les attentes d’Henri-John Belmont ? Quelles propositions vous a-t-il faites chez Yema ?

À l'époque, je travaillais pour le designer Roger Tallon, qui avait déjà collaboré avec Yema, plus précisément pour les modèles Mach 2000. J’ai énormément appris à l’atelier, notamment sur la conception, le montage et la gestion de grandes expositions publiques dans certains musées parisiens. Je pense que cette polyvalence a séduit Henri-John Belmont. J'étais capable de développer le design d'une montre aussi bien que l’architecture d'un stand, et même de participer à la planification de campagnes publicitaires.

 

 

Au milieu des années 1980, Günter Blümlein, alors dirigeant de la marque IWC – mandate Henri-John Belmont pour réaliser un audit de la marque suisse Jaeger-LeCoultre, sur le déclin. Vous le suivez.

Je me souviens encore des paroles de Henri-John : « Nous avons six mois, soit nous mettons la clef sous la porte, soit nous continuons. » Nous avons persuadé, l’équipementier VDO, actionnaire allemand, qu’il était possible de réveiller cette belle endormie. Günter Blümlein qui depuis Schaffausen, dirigeait IWC, nous rendait régulièrement visite. C’était un professionnel remarquable et un humaniste accompli qui jonglait aisément entre deux cultures : celle de l’Allemagne et celle de son épouse française. Il aimait déclamer des vers de Goethe…

« Nous avons six mois devant nous, soit nous mettons la clef sous la porte, soit nous continuons. »

 Henri-John Belmont et Günter Blümlein (1943-2001). Devant l'entrée de la Manufacture Jaeger-LeCoultre en Suisse, au Sentier, les deux gestionnaires échangent leur avis sur leur Reverso respective. Nous sommes au début des années 1990 et de leur entente cordiale explique en grande partie, l’essor fulgurant de la marque JLC, tout autant que, fait moins connu, le succès des premiers modèles A. Lange & Söhne, dont la grande date a été inventée par les ingénieurs de la Grande Maison Jaeger-LeCoultre. Au deuxième plan, la sculpture de Jacques-David LeCoultre semble vouloir prendre part à la conversation. © Uhren Kronos.
Henri-John Belmont et Günter Blümlein (1943-2001).
Devant l'entrée de la Manufacture Jaeger-LeCoultre en Suisse, au Sentier, les deux gestionnaires échangent leur avis sur leur Reverso respective. Nous sommes au début des années 1990 et leur entente cordiale explique en grande partie, l’essor fulgurant de la marque JLC, tout autant que, fait moins connu, le succès des premiers modèles A. Lange & Söhne, dont la grande date a été inventée par les ingénieurs de la Grande Maison Jaeger-LeCoultre. Au deuxième plan, la sculpture de Jacques-David LeCoultre semble vouloir prendre part à la conversation. © Uhren Kronos.

 

 

Vous partagiez votre temps entre Paris et le Sentier ?

Effectivement, je prenais le train à Paris, Gare de Lyon, tous les lundis pour revenir depuis la gare de Vallorbe, en Suisse, le jeudi soir. Les premières années ont été vraiment intenses. Blancpain et son bouillonnant dirigeant Jean-Claude Biver ont très tôt, été les pionniers du renouveau de la belle horlogerie mécanique. Pour survivre, nous avons décidé de retravailler entièrement la collection Reverso, très en vogue en Italie sous l’impulsion de la famille Corvo, en sublimant cette icône dessinée par René-Alfred Chauvot en 1931, grâce à l’introduction et la combinaison de complications.

 

Pourquoi une telle longévité ? Comment avez-vous réussi à gagner la confiance de cinq dirigeants ?

La marque Jaeger-LeCoultre s’est forgée sur l’entente cordiale entre le parisien Edmond Jaeger et le suisse Jacques-David Lecoultre (lire Entretien fictif avec Jacques-David Le Coultre sur le succès mondial impressionnant des compteurs Jaeger ). Les collections ont toujours été le résultat d’une symbiose entre le chic propre à une capitale cosmopolite, artistique et le sens pratique des horlogers nés dans le cadre naturel, parfois hostile de la Vallée de Joux. Bien que ces deux mondes semblent aux antipodes l’un de l’autre, ils se complètent admirablement dans la sphère horlogère.

Je suppose que les dirigeants ont vu en moi, un designer capable de travailler aussi avec les fournisseurs établis dans l’Arc Jurassien. J’ai d’ailleurs toujours été disposé à voyager à travers le monde pour rencontrer les clients et les journalistes.

 

 

Pourriez-vous définir votre autonomie chez Jaeger-LeCoultre ? Vos préférences stylistiques, ont-elles été prises en compte ?

Sous la direction de Henri-John Belmont, je dois reconnaître qu’il tenait compte de mes choix personnels. Il lui arrivait souvent, devant plusieurs propositions de nouveaux dessins, de privilégier celui qui me plaisait particulièrement. Il n'imposait pas son point de vue comme un arbitre.

Jaeger-LeCoultre “Géographique” et Master Control Geographic.
Dans le catalogue “Le livre de la Manufacture 1995/96”, page 166, Jaeger-LeCoultre estime que “la Géographique a apporté une solution aussi astucieuse qu’esthétique au problème posé par l’agencement d’un cadran à indication de multiples fuseaux horaires”. À l’instar de la Master Grand Réveil, la “Géographique” est alors considérée comme l’une des deux “Spécialités Horlogères” où le “style Janek” – mariage d’élégance et de précision – se cristallise à jamais, par ce premier modèle. Les dignes héritiers de la Géographique – les Masters Control Geographic – resteront fidèles aux premiers dessins du créateur. En bas, de gauche à droite, Gographique, rf. 169.240.922 (1992), Master Geographic, réf. 142.24.20 (2000) et enfin le modèle actuel Master Control Geographic Q4122420 (2023). © vidéo Ineichen.com; photos Jaeger-LeCoultre.

 

Peu de gens savent par exemple, que mes premiers dessins de la nouvelle Reverso Duoface étaient initialement destinés aux femmes. A l’époque, Ivano Rossi, directeur créatif chez Metalem, avait adoré l’idée : « merveilleux : deux cadrans pour une même montre ! » Dès le départ, j’avais exclu l'utilisation des chiffres romains, conçus à mon sens, expressément pour être taillés dans la pierre. Le défi principal passait plutôt par ignorer les contraintes imposées par la forme rectangulaire. Comment distribuer harmonieusement les chiffres des heures, le long de la minuterie sachant que la distance du chiffre 2 au 4, par exemple, est plus courte qu’entre le 4 et le 6 ? J’ai alors proposé à la direction de conserver un écart équidistant entre les 12 chiffres, sans pour autant les aligner parfaitement avec les jalons de la minuterie. Le résultat est non seulement plus élégant, mais il respecte une indication précise de la minuterie. Par le passé, j’avais travaillé sur des signalétiques tronquées où même s’il manquait une lettre, elles conservaient néanmoins, une bonne lisibilité et n’entamaient en rien la bonne compréhension du message.

 

Reverso 60ième (1991).
Du dessin artistique signé Janek Deleskiewicz, aux détails de la construction du mouvement. En bas, les chiffres 2,4 et 8 se trouvent légèrement désaxés par rapport aux marqueurs des heures de la minuterie. Une proposition stylistique élégante qui a permis d’éviter la trop grande proximité des chiffres entre eux, comme suggéré par les flèches en rouge. @ ci-dessus, : Jaeger-LeCoultre, ci-dessous :  montage Hubert de Haro.

 

 

Ces premières années, ont-elles été difficiles ?

De nombreux fournisseurs nous ont apporté leur aide, à l’instar du fabricant de boîtiers Guillod Gunther, basé à la Chaux-de-Fonds, qui a eu l'audace de nous fabriquer des montres en or alors que la situation financière de Jaeger-LeCoultre était encore très délicate.

De plus, nous devions composer avec IWC. Par exemple, lorsque notre responsable Roger Guignard a proposé la grande date au début des années 1990, Günter Blümlein s’est saisi du projet pour relancer la marque A. Lange & Söhne, avec le succès que nous lui connaissons.

Deux emblématiques pendules Atmos, stylisées, dans le bureau de design de Janek Deleskiewicz.
De gauche à droite: Atmos millénaire (1988) et Atmos Régultateur Phases de lune, édition limitée à 50 ex. Inv. 1362 (2004). Selon Janek, “nous devons à Eric Coudray d’avoir démontrer que l’Atmos pouvait aussi afficher des fonctions comme les phases de lune”. @Jaeger-LeCoultre, Yearbook ONE (2008), p. 23 et Yearbook TWO (2009), p. 108

 

 

Enfin, les designers Sam Wühl et Magali Métrailler pour la joaillerie m’ont rejoint par la suite, alors que Max Büsser faisait ses débuts comme chef de produit. Henri-John Belmont avait le don de trouver des personnes atypiques et efficaces comme les constructeurs Eric Coudray ou Philippe Vandel.

 

Photographies d’archives.

Dans le “Livre de la Manufacture” (p. 126) de 2002, Janek Deleskiewicz apparaît entouré de ses collègues designers Sam Wühl et Magali Mtrailler (à gauche). En 2016, à droite, le designer pose devant quelques exemplaires de dessins de Reverso, dans son bureau suisse, au Sentier. @ Jaeger-LeCoultre

 

Au cours de ces trente années de bons et loyaux services, de quel projet vous souvenez-vous en priorité ? 

Le développement en 1991, d’une nouvelle taille pour la Reverso, suivi de l’introduction de six complications. Les Reverso duetto et duoface, dotées de deux cadrans, ont également présenté de nombreux défis. Le dessin et l’affichage des différentes indications horaires devaient être parfaitement synchronisés avec la conception du mouvement. Ces années d’incessants allers-retours entre mon atelier et le bureau de recherche et de développement ont été tout particulièrement enrichissantes.

 

Et quel dessin souhaiteriez-vous oublié ?

J’ai mis tout mon cœur à l’ouvrage. Si j’avais à retravailler un projet, cela serait différent aujourd’hui, parce que je me suis amélioré avec le temps.

 

 

 

Comment vous définissez-vous aujourd’hui ?

Je me considère comme un artiste. Mes peintures les plus récentes ont d’ailleurs été récompensées, ce qui m’apporte une certaine reconnaissance. La musique et la peinture m’aident au quotidien à penser et à passer à autres choses.

Yanek Deleski au saxofone (2011)
Dans le somptueux écrin parisien de l’École Nationale des Beaux-Arts, la Manufacture Jaeger-LeCoultre célèbre les 80 ans de la Reverso. Devant un parterre de plus de 800 invités, Janek accompagné d’un groupe d’amis musiciens, affiche une autre facette de ses talents d’artiste. @ Say Who.

 

Vous savez, mon frère a eu une réussite presque immédiate, tandis que ma sœur, que mon père adorait, nous éclipsait. Mon père disait souvent : « Janek est hors classe ». J’ai finalement fait ce que mes parents attendaient de moi.

Avec le temps, cela m’a permis de trouver un certain apaisement.

 

Quel est votre plus bel accomplissement ?

Les enfants sont la plus belle des créations, la plus belle forme d’art. C’est pourquoi ils sont évidemment, une réussite.

 

On ne refait pas sa vie, on la continue.

 

 

 

 

Notes biographiques :

Janek est né d’un père polonais, blessé lors de la Bataille de Narvik de 1940. Ce dernier s’expatrie vers l’Angleterre avant de s’installer près de la Rochelle, à la fin du conflit, où il rencontre son épouse, enseignante. Janek, né en 1950, est l’aîné d’une fratrie de trois enfants, dont deux garçons et une fille. Son enfance « est bercée par les récits de leur père ». Très jeune, il découvre les œuvres de Gauguin, Van Gogh et Toulouse-Lautrec grâce à sa mère qui « passait son temps à acheter des livres d’art ». Il les dévore dans la maison de son grand-père, en bord de mer, près de Royan.

 

À 15 ans, il entre comme « pensionnaire dans un lycée technique », et ne retourne pratiquement plus chez lui. Cette voie technique lui est imposée. Malgré des prédispositions précoces pour le dessin et des prix remportés avant ses dix ans, sa mère refuse de le laisser tenter les Beaux-Arts. Il poursuit ces études à Poitiers, en génie électrique, puis intègre le bureau d’étude de Ford Industry à Bordeaux où il participe à la conception de machines-outils. Après quatre ans, il assume enfin ses choix et intègre l’école CMPF, spécialisée dans la décoration et le merchandising de vitrines, avant d'être recruté à Paris chez le designer Édouard Maurel. Il apprend toutes les subtilités de l’exposition et de la scénographie pour les grands musées nationaux, ainsi que celles de la construction de stands, comme pour le salon de la machine-outil pour Citroën à Milan. Tous les plans techniques étaient alors dessinés sur papier calque au stylo Rotring. Il dira de cette collaboration : « Édouard Mourel m’a sorti de l’industriel pour me projeter dans le monde artistique. » 

 

YEMA Spacionaute II au début des années 1980, dessinée par Janek Deleskiewicz 80, alors membre du bureau de design de Matra Horlogerie. @ The Beautiful Watch

 

 

Au milieu des années 1970, son ami José Pons le présente au célèbre designer Roger Talon, plus connu pour ses réalisations telles que le TGV ou le Minitel. « Il m’a enseigné les rudiments du design. Pour lui, la décoration était superflue. Tout devait avoir un intérêt, une fonction ». L’époque n’est pas encore à l’informatique, et l’usage exige alors, de présenter chaque nouveau projet dans des cahiers qui détaillent « une seule information par page ». Toute proposition de matériau bien spécifique devait d’être expressément justifiée. Janek acquiert ainsi la pratique de la « Méthode Roger Talon » où la conception se conjugue à l’exécution.

 

 

Vidéographie :

NGASERIN Sutjahjo, Jaeger-LeCoultre Artistic Director Janek Deleskiewicz plays saxophone at the Singapore Rendez-Vous timepieces launch (8 mai 2012)

 

Bibliographie :

ÁLAMO Purificación, Janek Deleskiewicz, Director artístico y de diseño Jaeger-LeCoultre, MdT.

DE HARO Hubert, ‘Archéo-horlogerie’ : la (re)découverte du Grand Réveil, Journal digital Antoine de Macedo (26 mars 2023).

DE HARO Hubert, Entretien fictif avec Jacques-David Le Coultre sur le succès mondial impressionnant des compteurs Jaeger, Journal digital Antoine de Macedo (3 octobre 2022).

Horlogium, An interview with Janek Deleskiewicz, Artistic and Design Director, Jaeger-LeCoultre (5 janvier 2014).

James, Interview: Janek Deleskiewicz of Jaeger-LeCoultre, Tempus Fugit (2010).

TAN Kenneth, Janek Deleskiewicz, Jaeger-LeCoultre artistic director creates fantasy from reality, Robb Report Thailland (26 septembre 2016).

THIEUX Jean-Christophe, Interview de Richard Mille, Forum à Montres (26 juin 2007).

 

 

 

 

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